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UNE POLITIQUE LOCALE DE MOBILITE EST IMPENSABLE SANS PRENDRE EN COMPTE LES DEUX-ROUES

Maintenir la fluidité du trafic dans nos villes et agglomérations exige des efforts de la part de chacun, usagers de la route aussi bien que pouvoirs publics. Heureusement, le concept de ‘multimodalité', une des clefs de la décongestion de nos routes les plus encombrées, est de plus en plus souvent à l’ordre du jour. Au même titre que la circulation automobile et l’offre de transports publics, les cyclistes et utilisateurs de deux-roues motorisés ont, leur place dans le trafic; et donc dans le débat sur la mobilité. Pour favoriser la multimodalité, et plus précisément pour attirer davantage l’attention sur les deux-roues motorisés, nous voulons aider les gestionnaires de la voirie de même que les autorités locales à adapter leur politique de mobilité en leur proposant des mesures favorables aux deux-roues. Dans cet article, nous discuterons spécifiquement des avantages des deux-roues motorisés et des mesures rendant pour eux le trafic plus sûr.

Répondre à la demande de mobilité



En raison notamment des problèmes de mobilité croissants, la part des scooters et des motos dans la circulation quotidienne a fortement augmenté. Les scooters ne sont pas seulement amusants, maniables et très à la mode, il s’agit aussi d’excellents moyens de transport pour des déplacements quotidiens domicile-lieu de travail sans souci et sans problèmes de parking.

L’expérience semble montrer qu’un scooter s’adresse à tout le monde, jeune ou moins jeune, homme et femme, indépendamment de leur fonction dans la vie professionnelle. Récemment encore, les motos ne sortaient du garage que les week-ends ensoleillés.

 

Aujourd’hui, les motards sont de plus en plus nombreux à utiliser leur engin comme moyen de transport fonctionnel pendant la semaine, même si le temps ne s’y prête pas. Une analyse de marché actuelle souligne le succès du nouveau segment des maxi-scooters. Il s’agit de deux-roues motorisés qui allient la facilité d’utilisation d’un scooter au confort, à la ‘souplesse’ et à la sécurité d’une moto de tourisme de moyenne gamme. L’achat est souvent motivé par la nécessité de possibilités de déplacements rapides. L’utilisation accrue des deux-roues n’a rien de surprenant. Le gain de temps pendant les heures de pointe est considérable et les utilisateurs de deux-roues motorisés épargnent en outre sur leurs frais de déplacement grâce à une faible consommation d’essence et à un régime fiscal adapté.

Aménagements adaptés

Les villes et communes ont elles aussi tout intérêt à un usage accru des scooters et des motos. Les deux-roues diminuent la densité du trafic, répondent à l’heure actuelle (du fait notamment de leur faible consommation), à des normes d’émissions sévères et rendent la ville accessible et conviviale. En outre, ils n’encombrent que peu les rares emplacements de parking. Cela ne signifie pas que les deux-roues motorisés peuvent être garés n’importe où, cela peut par exemple constituer une gêne pour les piétons. Les villes et communes devraient par conséquent prévoir des facilités de parking spécifiques. Dans un scénario idéal, 5% au moins des places de parking disponibles devraient à terme être réservés aux motos et aménagés dans ce but. Les endroits d’implantation des parkings pour motos doivent en outre être soigneusement choisis, de préférence dans un environnement dense où le contrôle social est grand, bien éclairé et à proximité du centre commercial. L’assise du revêtement doit être plate et dure. La moto doit pouvoir être ancrée à l’emplacement par une chaîne ou tout autre type de cadenas (ou point d’ancrage dans le sol). Le risque de sol n’est en effet pas négligeable et hypothèque très sérieusement le succès actuel de ces véhicules. Les motos ont une grande valeur et peuvent, du fait de leur encombrement et de leur poids réduits, être facilement chargés dans une camionnette. Des casiers peuvent être installés à côté de l'emplacement, afin d’y ranger à l’abri casque et vêtements de protection. Le motard a ainsi les mains libres pendant qu’il fait ses courses. Moyennant un fléchage adapté, les motards trouvent facilement les emplacements de parking.

Un propre regard sur la route



Outre le danger de vol et le manque d’emplacements de parking disponibles, les motards se préoccupent de leur propre vulnérabilité, de l’état du revêtement et d’autres éléments importants pour une utilisation sûre des deux-roues. Les gestionnaires de la voirie et les autorités (locales) doivent comprendre que les motocyclistes sont confrontés dans la circulation à une série d’autres problèmes que ceux que connaissent les automobilistes. Les deux-roues constituent une classe à part d’usagers de la route. Chaque décision politique devrait dès lors être considérée à travers les lunettes du motard; ce qui actuellement n’est que rarement le cas. Beaucoup de politiciens n’osent pas encourager l’utilisation des deux-roues par crainte d’une hausse correspondante du nombre d’accidents.

 

Moyennant des mesures d’accompagnement, cette crainte est cependant sans fondement. L’état du revêtement routier est très important pour les motards. La surface de contact des deux pneus n’est pas plus grande que deux boîtes d’allumettes. Un motard peut perdre l’équilibre. Les villes et communes devraient procéder régulièrement au nettoyage de leurs voiries. Les gravillons, la boue, les feuilles humides présentent un danger de dérapage.

Après chaque accident, les fragments devraient être soigneusement enlevés. Les tâches d’huile et de diesel sont souvent plus dangereuses que le verglas. Des contrôles réguliers aux abords des stations d’essence pourraient éviter des situations dangereuses. Les motards peuvent perdre le contrôle de leur guidon à cause de nids de poule et de déformations du revêtement routier.Chaque ralentisseur représente un danger potentiel s’il n’est pas suffisamment signalé et éclairé.

En outre, beaucoup de ralentisseurs ne répondent pas encore aux normes imposées. D’autres ralentisseurs, par exemple des jardinières, sont mal signalés. En cas d’accident, les motards font souvent une glissade sur la chaussée. Un bon habillement peut souvent réduire les conséquences fâcheuses d’une telle glissade; du moins si le motard ne a pas heurter d’autres objets. C’est la raison pour laquelle les gestionnaires de la voirie devraient éviter de placer la signalisation routière trop près du bord de la chaussée, surtout dans les virages. Après des travaux de réfection, la couche supérieure du revêtement routier présente souvent des aspérités. Pire encore sont les réparations effectuées à l’aide de goudron. Celui-ci présente une résistance au frottement bien moins grande que l’asphalte. Ceci peut donner lieu à des problèmes en cas de manœuvre de freinage. Par temps de pluie, le goudron devient en outre une vraie patinoire. Les plaques d'égouts deviennent, elles aussi, fort glissantes par temps humide. Une couche de surface constituée d’un matériau rugueux est la solution. L’on peut, lors de la conception de nouvelles voiries, éviter que les dalles d’inspection soient installées dans les virages où elles constituent un danger accru pour les motards. Chaque motocycliste peut confirmer que les marquages au sol sont parfois à l’origine de problèmes. Par temps humide, chaque bande est glissante. Il existe cependant des types de peinture offrant une meilleure résistance. Les marquages routiers sont chaque fois recouverts d’une nouvelle couche. A la longue, cette couche plus épaisse de peinture provoque des inégalités du revêtement. Plus le revêtement est de mauvaise qualité, plus le motard doit avoir l’œil sur la route et moins il peut tenir compte des autres usagers de la route.




Les motards exigent un maximum de qualités du revêtement routier. Par contre, les motos – du fait de leur poids peu élevé (cfr. rainurage) - ne provoquent pas de dégâts au revêtement routier.

D’un rapport de la FEMA (Federation of European Motocyclists Associations) réalisé à la demande de la Commission européenne, il est apparu que 10 à 15% des accidents mortels parmi les motards étaient dus aux glissières de sécurité.

 

Le bon exemple

Ces dernières années, deux provinces ont déjà pris l’initiative d’accompagner et de soutenir le groupe grandissant de motards. Les autres provinces feraient bien de suivre ce bon exemple. Avec l’appui du gouvernement provincial, le MAG (MotorCycle Action Group) et le Centrum voor motorbeheersing du Limbourg ont organisé des journées de test gratuites pour motards. Ceux-ci ont ainsi pu, en toute sécurité, tester gratuitement leurs aptitudes et leur art du pilotage. Dans certains cas, les candidats au test ont même été encouragés à suivre un cours (de perfectionnement). La province de Brabant wallon offre à ses habitants une intervention financière pour une formation moto. Le coût élevé (terrain, accompagnement individuel, 80 à 125 euros) effraye surtout les jeunes motocyclistes. La sécurité ne devrait pas avoir de prix. Ces possibilités de test et de formation sont d’une importance vitale. Sans une maîtrise totale de la moto, le conducteur risque de mal réagir en situation d’urgence.

La formation préalable au passage de l’examen de conduire est souvent trop limitée. Les détenteurs d’un permis de conduire datant d’avant 1989 peuvent même, sans examen ou test d’aptitude, rouler sur n’importe quel type de moto. Une conduite sûre à moto requiert une formation préalable. Mieux vaut ne pas se livrer à des expériences sur la voie publique. L’apprentissage autodidacte suppose le risque d’acquérir de mauvais réflexes.


Voici, en résumé, ce que réclament les motocyclistes:

- plus d’attention à la qualité du revêtement routier
- aménagements de parking adaptés et prévention du vol
- réduction du risque de lésions graves en cas d’accident
- encouragement à la formation (continue)
-attirer l’attention des usagers de la route sur la présence de deux-roues dans le trafic et souligner la contribution importante qui est la leur en termes de mobilité et d’environnement!

Stijn VANCUYCK
Conseiller Motos et Vélos

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